L’intérêt de Rajesh Vora pour les objets sculpturaux du quotidien qui ornent les toits des maisons de l’arrière-pays du Pendjab date de 2014. Cet art vernaculaire a trouvé ses représentants dans la première vague des Indiens non résidents (NRI) de la diaspora, qui commencèrent à construire des maisons dans leurs villages à la fin des années 1970. Depuis, ce phénomène unique a pris de l’ampleur, gagné en ambition et en imagination, jusqu’à devenir une partie importante de l’image des villages. Alors que la plupart des maisons sont fermées durant l’année, en attente du retour de leurs propriétaires pour leurs vacances annuelles, ces objets colorés rappellent à la société leurs luttes, leurs réussites et leur prospérité.

Chars de combat, haltérophiles, héros divers, ballons et footballers, lotus, animaux, fameuses voitures Maruti et enfin avions, les plus importants d’entre eux : tous s’élèvent depuis les toits pour former une ligne d’horizon spectaculaire dans un paysage par ailleurs très calme. La fascination de Rajesh Vora pour ces objets a tourné à l’obsession et il a sillonné quatre districts du Pendjab, soit plus de 6 000 kilomètres, pour les photographier. Symbolisant les aspirations de leurs propriétaires, ces icônes sont souvent liées à leurs histoires personnelles, marquées par la longue distance. En tant que phénomène culturel et sociologique, cette esthétique idiosyncrasique se démarque au sein de l’architecture résidentielle locale. Ce qui se donne à voir est un récit coloré dénué de nostalgie mais rempli d’humour, de célébration et de souvenir.