Édition 2005

DAVID TARTAKOVER

Les affiches politiques de David Tartakover suivent avec ténacité l'occupation des territoires palestiniens par Israël. Depuis plus de trois décennies, David Tartakover infiltre dans la conscience collective de son pays des images qui ne quittent plus le souvenir du spectateur : la fillette palestinienne blessée à l'œil (Douleur), la mère israélienne pleurant sur la tombe de son fils, mort au Liban (Qui racontera les hauts faits d'Israël ?), les généraux israéliens franchissant la porte de Jérusalem lors de la Guerre des Six Jours (Vingt-cinq, trente, trente-cinq années d'occupation)… Puisant dans des dizaines d’affiches composées à partir d’images de presse, il propose une série représentative qui en distille l'essence de manière à confronter son pays à l'image qui dérange le plus : la tache géographique constituée par les territoires occupés. Il commence d’abord par un autoportrait, « entaché » de la rive est du Jourdain, incontournable, pour ensuite passer au portrait de divers hommes politiques et personnages connus. C'est ainsi que ce graphiste israélien formule envers l'occupation une prise de position qui n'a rien de naïf ni de moralisateur, mais qui, au contraire, met son propre corps dans la ligne de mire, le corps de quelqu'un dont la vie et le regard ont été profondément violentés, entachés par la situation politique actuelle. Dans la série récente Je suis là, Tartakover met encore plus l'accent sur sa façon personnelle de voir et de réagir : face à la déferlante de la deuxième Intifada et à la montée de la tension au sein de la société israélienne, il insère sa propre image – on le voit vêtu d'un gilet fluorescent portant l'inscription « artiste » – dans des scènes affolées d'attentats, de manifestations, de grèves ou d'événements catastrophiques. Dans cette série, il fait non seulement acte de présence, il se montre prêt à quitter l'atelier pour se plonger dans une réalité tumultueuse. Tartakover est devenu l'emblème en Israël de l'artiste qui, au lieu de rester chez lui à attendre les clients, sort dans la rue pour faire entendre sa voix, pour envoyer ses flèches dans le cœur des ténèbres. À la fois graphiste et explorateur infatigable de la culture ambiante, Tartakover sait faire le lien entre nostalgie et actualité. Enfant à l'époque des premiers balbutiements de l'État d'Israël, il cerne les objets, les représentations qui constituaient l'imagerie de l'ancienne culture sioniste et qui depuis sont devenus les images d'Epinal de la conscience collective ; et en juxtaposant la naïveté sioniste au culte israélien de la puissance, il donne toute sa force au courant actuel de contestation.
Tali Tamir, Commissaire d’exposition.

Exposition réalisée avec le soutien du Laboratoire Dupon.

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